
Amédée Erns Baptiste n’a pas toujours été entrepreneur. Son parcours a commencé dans le service client d’une entreprise de télécommunications. Là, il a appris l’importance de l’écoute et de la résolution des problèmes. Cette expérience lui a permis de comprendre que derrière chaque demande se cache un besoin profond, et c’est cette quête de solutions qui l’a poussé à se former davantage. En 2012, il suit un cours en ligne de Florida International University sur le comportement humain, une formation qui viendra compléter ses études universitaires en économie. Cette soif de compréhension l’amène ensuite vers le monde du développement web, une compétence qui jettera les bases de son aventure entrepreneuriale.
L’idée de Tchekem est née d’une observation simple ou beaucoup de gens autour de lui cherchaient constamment des produits spécifiques, mais avaient du mal à les trouver rapidement et de manière fiable. Amédée s’est donc lancé dans l’entrepreneuriat avec la conviction que le commerce en ligne pouvait être plus simple, plus accessible et surtout adapté aux réalités locales.
« Mwen te toujou panse e rete kwè nou ka fè bagay yo diferan, » confie-t-il. Cette philosophie l’a poussé à créer une plateforme où les clients peuvent facilement rechercher et acheter des produits sans perdre du temps à comparer plusieurs sources.
Comme tout entrepreneur, Amédée a rencontré des obstacles majeurs au lancement de Tchekem. Le premier défi fut l’approvisionnement : son modèle d’affaires ne nécessitait pas de stock initial, mais il lui fallait établir des partenariats solides avec des fournisseurs fiables. Ensuite, il y avait la question de la confiance des clients, surtout en ce qui concerne les paiements en ligne. Dans un contexte où la méfiance vis-à-vis des transactions numériques est encore présente, il a dû redoubler d’efforts pour proposer des solutions sécurisées et rassurer sa clientèle.
Mais au fil du temps, Tchekem a su grandir. Ce qui a commencé avec seulement trois types de produits s’est transformé en une plateforme diversifiée, proposant aussi bien des articles cosmétiques que des denrées alimentaires. Aujourd’hui, Tchekem collabore avec plusieurs entreprises, dont JM Le Boucher et D’S Distribution, et attire plus de 1 300 visiteurs par mois, un chiffre en constante augmentation.
L’entrepreneuriat d’Amédée repose sur une valeur clé : l’utilité. Pour lui, une entreprise doit d’abord résoudre un problème avant de chercher la rentabilité. « Si w itil, w ap enpòtan, » affirme-t-il. Cette approche se reflète dans l’expérience client que propose Tchekem : un accompagnement du début à la fin, une plateforme entièrement en créole et des prix affichés en gourdes pour garantir la transparence.
Le quotidien d’un entrepreneur passionné est souvent intense. Entre les responsabilités professionnelles et la nécessité d’avoir une vie personnelle équilibrée, Amédée a appris à s’organiser. « Mwen pase yon bon pati nan tanm swa ap travay, swa ap reflechi, swa ap fè analiz, » explique-t-il. Mais il accorde aussi une importance particulière aux moments de déconnexion, loin des écrans, pour se ressourcer et garder un équilibre mental.
Au-delà des chiffres, l’impact de Tchekem est aussi social. La plateforme permet aux consommateurs d’accéder plus facilement aux produits dont ils ont besoin, tout en offrant une vitrine aux vendeurs qui souhaitent toucher un public plus large. « Nou vle rann achte sou entènèt pi fasil e pi senp, » insiste Amédée.
L’avenir de Tchekem est prometteur. L’ambition est claire : faire du slogan « Depi w bezwen l, se Tchekem! » une réalité nationale. En innovant sans cesse et en intégrant de nouveaux moyens de paiement et services, Amédée veut transformer Tchekem en un acteur incontournable du e-commerce haïtien.
Amédée Erns Baptiste est la preuve que commencer avec peu n’empêche pas d’aller loin. « Mwen se yon CHANPYON paske mwen te kòmanse ak sa mwen genyen e mwen mete tout mwen ladan. » Son conseil aux jeunes ? Se lancer avec passion, discipline et persévérance. Parce qu’au bout du chemin, ceux qui osent et s’accrochent finissent toujours par faire la différence.